Les petits dessous de la Régence anglaise
Du temps de Jane Austen, la mode vestimentaire a évolué d’une façon bien caractéristique. On portait (si on en avait les moyens) des robes plus ravissantes les unes que les autres, mais aussi de plus en plus fluides et transparentes. Les sous-vêtements se sont donc adaptés en conséquence.
Glissons ensemble un oeil sous les jupes des filles…
La mode néo-classique
On est à l’époque de Napoléon et Joséphine de Beauharnais. Ça signifie qu’après en avoir fait des caisses pendant le XVIIIème siècle avec les styles baroques et rococo (beaucoup d’or, beaucoup d’ornements, beaucoup de détails, beaucoup de couleurs, beaucoup d’artifices, beaucoup de tout), on est en pleine gueule de bois stylistique et on revient à des choses plus simples, légères et naturelles.
Le néo-classicisme est à la mode. On admire l’Antiquité greco-romaine, on veut des robes semblables à des tuniques et des toges, des coiffures à l’opposé total des perruques poudrées et surchargées d’avant (voyez plein d’exemples de coiffures ici), et des ballerines qui vous font le pied léger.
Une gueule de bois, je vous dis…
La mode féminine évolue vers des robes aux coupes bien plus simples, moins encombrantes, avec une étole portée négligemment sur le bras (posséder un châle indien de type pashmina, c’est le luxe total !).
On aime les étoffes légères qui bougent avec le vent ou au gré des mouvements, on joue sur la transparence, le vaporeux, le diaphane.
Loin des damassés et des tissus lourds de la génération d’avant, on utilise désormais de la mousseline, du tulle, des voiles, des gazes, du coton, de la soie, qu’on orne de broderies, de rubans ou de fleurs naturelles.
De la nécessité de porter des sous-vêtements…
Tant de légèreté signifie aussi que beaucoup de tissus sont franchement transparents !
On aime bien la robe d’intérieur, semblable à un déshabillé confortable (ça s’appelait, littéralement, une robe de chambre) que les femmes portent chez elles, le matin. Mais quand il s’agit de se montrer à l’extérieur c’est une autre histoire…
Certains s’en plaignent, d’ailleurs, pointant du doigt et se moquant de cette mode féminine un peu trop révélatrice.
Culottes et jupons chez Jane Austen
Dans ce contexte, on compte beaucoup sur les sous-vêtement pour apporter la modestie et la pudeur nécessaire à des dames respectables…
La chemise (shift)
C’est LE sous-vêtement de base, sans lequel aucune jeune femme n’oserait jamais se montrer. On dort la nuit dans une chemise (… de nuit, donc) et on en enfile une propre le lendemain, cette fois pour passer la journée.
Elle est généralement en lin ou en coton et peut être plus ou moins longue. Le plus souvent, elle descend au moins jusqu’aux genoux, par contre elle ne sera jamais plus longue que le jupon.
En ce qui concerne l’échancrure et la longueur des manches, c’est variable. En toute logique, on se couvre plus en hiver qu’en été.
J’ai expliqué ici que dans le film de 2005 la robe de Caroline Bingley est une aberration, car ses bretelles sont bien trop fines et montrent qu’elle ne porte pas de chemise en dessous.
J’adore ce film (pour plein de raisons c’est ma version favorite de l’oeuvre), mais ça ne m’empêche pas de pointer ses défauts ! 😉
En passant, je vous renvoie aussi à l’article sur le mariage en chemise, juste ici. Vous pourriez y découvrir des choses intéressantes…
La brassière (stays)
J’en parlais déjà ici : la mode est à la taille Empire, où la taille ne se voit plus car on cintre plus haut, sous la poitrine, raison pour laquelle le corset rigide est abandonné pendant une petite trentaine d’années.
On le remplace par une brassière, qui se porte par dessus la chemise et qui sert à maintenir la poitrine.
PRÉCISION : Vous trouverez de nombreuses photos ressemblant à des corsets Régence, de longueurs variables (short ou long stays).
Cela dit, il ne s’agit pas d’un vrai corset, car il n’est pas rigidifié tout autour par des baleines : sa fonction principale est de soutenir la poitrine, pas d’affiner à tout prix la taille. Certains long stays sont équipés d’une petite baguette de bois, au centre sur le devant, qui force celle qui le porte à se tenir un peu droite, mais c’est tout.
Le vrai corset, lui, réapparaîtra à partir de 1820, soit à la fin de la Régence.
Le jupon (petticoat)
Il peut être à la taille uniquement, comme une jupe longue, ou bien monter jusqu’à la poitrine avec des bretelles comme une petite robe.
C’est vrai, ça commence à faire beaucoup de couches les unes par dessus les autres… Mais c’est tant mieux, car si la robe finale est à moitié transparente, mieux vaut être pudiquement couverte en dessous ! 😉
Vers la fin de la Régence apparaissent aussi les culottes, sous forme de pantalons courts (pantalettes ou drawers). Ce ne sont pas encore des culottes fendues (qui viendront plus tard au XIXème) et surtout ce n’est pas encore une habitude.
Les héroïnes de Jane Austen, quelques années plus tôt, ne portaient qu’une simple chemise, sans culotte.
Les bas (stockings)
On porte des bas qui montent au-dessus du genoux. Ils sont faits en laine fine, en coton ou en soie, parfois avec des motifs ajourés ou des broderies (mais c’est vraiment histoire de faire joli dans l’intimité, car une jeune fille respectable n’est pas supposée trop montrer ses chevilles, encore moins ses jambes !).
S’ils tiennent tout seul, c’est tant mieux, sinon on les resserre à l’aide de jarretières.
En conclusion
… ma foi, il me semble que rien ne vaut une petite démonstration 😉 , alors voici :
SOURCES :
Wikipédia : Néo-classicisme
Mode néoclassique
Why Petticoats and Chemises Were Worn Under Regency Gowns
An Overview of Regency Stays/Corsets
Wikipedia : history of corset
Underwear in the Regency Era
Ladies underdrawers
Pinterest : Regency underwear