
Ça prend combien de temps, d’écrire un livre ?
Plusieurs centaines d’heures… et c’est difficile d’être précis car on ne passe pas son temps à se chronométrer !
Je ne vous parlerai que de ce que je connais, c’est à dire mes propres romans qui sont d’une longueur moyenne de 130.000 mots (sachant qu’une majorité de romans font plutôt entre 70.000 et 100.000 mots). C’est parti !
Le processus d’écriture
Le nombre de mots

Avant toute chose, il faut d’abord savoir que la longueur d’un manuscrit s’évalue toujours en nombre de mots, et non pas en nombre de pages, car cela varie beaucoup avec la mise en page faite au moment de l’impression.
Par exemple, j’écris dans un document Word en police de taille 11, et généralement une page Word sur mon ordi se transforme en deux pages d’un livre imprimé (et si mes romans étaient publiés en format Poche, le nombre de pages changerait encore).
J’écris environ 500 mots par page Word. Pour écrire ces 500 mots, il me faut une demi-heure. Au minimum. Parce que le rythme d’écriture est très variable. Ça dépend si je suis inspirée, si ma scène est bien claire à l’avance dans ma tête, bref : si ça coule ! Mais le plus souvent, ça ne coule pas si vite, donc ma demi-heure s’allonge…
Et encore ! Je ne vous parle-là que du premier jet !
La relecture et la réécriture
Ce premier jet va en effet être relu et retravaillé bon nombre de fois pendant tout le processus d’écriture. Ça fait donc bien longtemps que j’ai dépassé la demi-heure… On peut supposer sans trop se tromper que j’en suis en réalité à au moins 2h de travail, toujours sur ce petit paquet de 500 mots. Pour un (assez gros) roman de 130.000 mots au total, on parle déjà de plus de 500 heures !
Les recherches historiques
Ça, c’est impossible à compter et pourtant c’est une part énorme du travail d’écriture.
Faire des recherches, ça signifie :
- aller sur le web pour farfouiller et trouver une réponse à une question (Wikipedia est mon ami !)
- aller en bibliothèque, dans des musées ou visiter les lieux réels qu’on utilise
- lire des livres, des essais ou des articles de journaux
- consulter des sites web de fans, des sites spécialisés, des wikis, des blogs
- regarder des documentaires, des films, des séries télé…
On y revient plusieurs fois, on se laisse dériver vers des sujets connexes, on fait des arrêts sur image pour observer un détail d’un décor, on regarde les coulisses d’un film, on étudie l’œuvre globale d’un créateur, on compare un phénomène dans plusieurs pays différents pour voir s’il n’y a pas d’autres infos pertinentes à grappiller…

Pour La renaissance de Pemberley, je ne me suis pas contentée de relire Orgueil et préjugés, ni même de revoir 20 fois le film ou la série. J’ai regardé d’autres adaptations des œuvres de Jane Austen, me suis renseignée sur sa vie à elle, vu d’autres films qui se passent à la même époque, des documentaires et des plans sur Chatsworth House, lu plusieurs essais qui parlent de la régence, fouiné dans des wikis et un bon paquet de blogs bien documentés et traitant aussi de cette époque.
J’ai parlé ici du soin que j’aime apporter au réalisme historique de mes romans, car je prends ça très au sérieux. Toutes ces recherches, ça m’a demandé de nouveau une ou deux centaines d’heures.
Bien entendu, c’est très variable d’un roman à un autre, mais à moins de maîtriser à la perfection son sujet, il y aura toujours une certaine quantité de recherches à faire pour s’assurer que l’histoire tient la route.
LIRE LES AUTRES : Est-ce que j’ai lu d’autres suites comme la mienne ? Pas du tout !
J’ai besoin d’informations historiques pour rendre mon histoire plus juste encore, pas de me comparer à ce que d’autres auteurs ont pu écrire. À chacun son imaginaire.
Écrire des séries
Je vous ai parlé pour le moment de l’écriture d’un seul livre.

Mais lorsqu’on se lance dans une série, ça se multiplie : il faut remettre autant d’heures pour le tome 2, le tome 3… On n’écrira pas plus vite, par contre les recherches seront déjà faites pour la plus grande partie. Le tome 1 est généralement celui qui demande le plus de travail, les autres pourront se faire un peu plus facilement.
Le truc, c’est de ne pas oublier de s’offrir une période de repos entre chaque tome, histoire de souffler un peu… J’en ai parlé en détail ici, car, dans mon cas, ça a été une expérience fatigante et qui m’a un peu dégoûtée des séries pour le moment.
Au total, ça fait combien ?
Dans le cas de La renaissance de Pemberley, on parle d’environ 700 heures de travail, étalées sur 6 ou 8 mois.
Pour des séries de 2 ou 3 livres (comme La cantatrice et Les filles de joie), ça s’étalait sur 1 an et demi à 2 ans.
Puisqu’on parle d’heures de travail, je vous renvoie à deux autres articles, ici et ici, où j’explique la rémunération d’un auteur en comparant avec un taux horaire.
L’écriture est un cheminement progressif
Souvent, les gens pensent qu’on a une idée et que, subitement, ça donne un roman.
Juste parce qu’on a la chance d’avoir le talent d’écrire.
Hum…
Je suis toujours perplexe face à ce genre de préjugé, parce que… on ne se lance pas du jour au lendemain dans un projet aussi long !
Avant d’écrire des romans entiers, j’ai commencé par des histoires bien plus courtes, bien plus légères et sans aucunes recherches. Mes premières fanfictions (dont je parle ici) ne faisaient que 8 à 15 pages Word, puis, peu à peu, j’ai pris de l’assurance et elles ont augmenté en taille (40, 70 pages…).

On se lance rarement dans l’écriture d’un premier roman sans être passé au préalable par tout un tas de récits plus modestes qui nous permettent de nous faire la main. Il ne s’agit donc pas de mettre soudain sa vie entre parenthèses pendant 700 heures pour sortir une première création : commencez par trouver quelques heures ici et là pour écrire ce qui vous fait envie, et petit à petit vous vous sentirez en mesure d’écrire des textes plus longs.
En conclusion
Mais où est-ce que tu trouves tout ce temps ???
Il y a la vie quotidienne, les enfants, le boulot, les amis, la famille, les vacances… Ce n’est pas toujours simple de trouver le temps d’écrire et c’est normal !
Je n’ai pas d’enfants, ce qui me laisse déjà pas mal de temps libre. Malgré tout, ça reste difficile d’écrire un roman quand on travaille 40h par semaine, car même si on arrive à se dégager des heures ici et là on n’a pas forcément l’énergie ou l’esprit disponible pour se plonger dans notre roman.
Ça dépend bien sûr des gens, mais en ce qui me concerne j’aime écrire sur d’assez courtes périodes, alors je préfère m’arranger pour m’y consacrer presque à temps plein. Pour moi, l’écriture d’un roman se fait sur environ 6-8 mois (au delà de ça, j’ai tendance à perdre le fil et à me démotiver), j’ai donc écris les miens à des périodes où je travaillais en indépendante, ou bien quand j’étais au chômage et que j’avais beaucoup de temps libre.
EDIT : J’ai annoncé ici qu’en 2020 j’aimerais me lancer dans l’écriture d’un nouveau roman, mais sans quitter mon emploi actuel à temps plein. Ça va être tout un défi et je vous en reparlerai !
Encore une fois, ça dépend des gens. Certains vont préférer travailler à leur livre à petites doses pendant plusieurs années ou bien attendre d’être à la retraite. C’est à vous de voir, mais une chose est sûre :
Oui, ça prend beaucoup de temps d’écrire un roman. Il faut y être préparé pour ne pas se lancer dans l’aventure et se décourager en cours de route.
À vous de trouver le rythme qui vous convient !

