Chatsworth House, la vraie Pemberley (… peut-être)
Dans le sud du Derbyshire se trouve un manoir magnifique, une maison au sens très noble du terme, nommée Chatsworth House. Encore aujourd’hui, c’est la demeure des Cavendish, ducs du Devonshire.
C’est ce qu’on appelle une country house, c’est à dire une maison de campagne. Dans la culture anglaise ce n’est pas du tout considéré comme une maison secondaire : au contraire, c’est plutôt la belle grande demeure ancestrale, au centre des terres de la famille (j’ai détaillé tout ça dans cet article, ici).
C’est également la maison dont beaucoup soupçonnent Jane Austen de s’être inspirée pour décrire Pemberley.
Ce n’est qu’une théorie et nous ne saurons jamais rien du fin mot de l’histoire. Certains la réfutent, d’ailleurs, en disant que Jane Austen ne peut pas avoir fait un tel amalgame, surtout qu’elle cite directement cette maison dans son roman (Elizabeth et les Gardiner visitent en effet Chatsworth pendant leur voyage dans le Derbyshire, juste avant qu’ils ne croisent Darcy à Pemberley).
On en revient donc à une simple questions de goûts personnels, mais sur ce point je suis du côté de ceux qui imaginent volontiers Pemberley ressemblant trait pour trait à Chatsworth. C’est là-dessus que je me suis basée dans mon roman.
Le manoir
Il faut remettre les choses dans leur contexte : l’actuelle Chatsworth est beaucoup plus grande que la maison qui existait à l’époque du roman, donc comparons ce qui est comparable…
Nous pouvons imaginer la maison principale, avec sa belle cour carrée, mais oublier totalement la grande aile nord, la fontaine et son plan d’eau qui n’existaient pas, pas plus que le petit pavillon et sa cascade dégringolant la colline. C’est William Cavendish, 6ème duc du Devonshire, qui fit faire ces travaux d’agrandissement et d’aménagement des jardins quelques année après les évènements fictifs d’Orgueil et préjugés.
Une autre raison d’imaginer Pemberley un peu moins imposante que ne l’est Chatsworth aujourd’hui, c’est que Darcy, aussi riche soit-il, ne peut tout de même pas avoir le même standing que toute une lignée de puissants ducs (on parle du plus haut rang de la noblesse, là ! et les Cavendish ne sont vraiment pas des petits joueurs sur l’échiquier aristocratique). Alors, certes, il possède la moitié du Derbyshire et 10.000 livres de rentes, donc Pemberley est forcément une très grande maison, mais il faut trouver un juste milieu dans tout ça.
La région
Veut, veut pas, Chatsworth, c’est en plein Derbyshire. Sur ce point, on est fidèle au roman.
La série de la BBC, elle, utilise plutôt le château de Lyme Park, qui se trouve beaucoup plus au nord, dans le Cheshire (près de Manchester).
On pourrait objecter qu’à moins d’aller dans les landes du pays de Galle ou en Écosse, les plaines anglaises sont relativement homogènes, donc, pour ce qui est du paysage, Lyme Park peut très bien faire l’affaire. C’est vrai. De plus, Chatsworth et Lyme Park ont été construites sensiblement à la même période (à 30 ans d’écart seulement), elles ont à peu près la même taille et le même grand parc tout autour.
Mais il y a un détail qui me chagrine : la pierre locale. Lyme Park est construite dans du grès, qui a une couleur grise et mate. Et ça assombrit tout… 🙁
En comparaison, Chatsworth, construite en calcaire, est bien plus lumineuse. Un détail qui a son importance à mes yeux, car une Pemberley aux tons de gris n’a pas le même impact sur l’imaginaire…
En conclusion
Demandez-vous pourquoi j’ai choisi de la feuille d’or en couverture de La renaissance de Pemberley… 😉
Ce n’est pas juste pour faire joli. Pour moi, cette maison (qui est idéalisée, voir même transformée en symbole dans le roman de Jane Austen) évoque quelque chose de lumineux tout autant que de luxueux. C’est intemporel, classique, sobre : autrement dit, on est dans l’or.
À mon prochain voyage en Angleterre, c’est certain, je me paye une visite à Chatsworth. En attendant, pour moi, Pemberley, c’est définitivement ça :