Écriture et autoédition

Comment on écrit un roman (historique) ?

Avoir envie

Ça peut paraître bête, mais tout est une question d’avoir profondément envie (le mot anglais to crave exprime bien ça). Si ça fait 20 ans que tu te dis « Un jour, j’écrirai un livre », il y a assez peu de chances que ça arrive, surtout si tu n’écris rien d’autre entre temps. L’envie, la vraie envie, celle qui te tracasse au fond de toi parce que tu aimerais tellement tellement ça, c’est elle qui sera ton moteur. Si tu en as profondément envie, tu le feras. Sinon, c’est juste que ce n’est pas pour toi et que ton énergie se porte sur d’autres choses.

Plus tard, quand tu auras commencé ton processus d’écriture, la motivation entrera en ligne de compte pour te permettre de continuer même quand tu seras découragé ou que tu te sentiras dépassé. Mais au départ, c’est l’envie qui te propulse.


Lire beaucoup

Lire, c’est la base. On ne peut pas écrire sans être d’abord un lecteur (et un gros !), car c’est en imitant qu’on apprend. C’est la même chose pour tout type de création : on apprend à peindre en reproduisant des peintures de grands maîtres, on apprend à filmer en reproduisant le style d’un réalisateur qu’on aime, etc…

Alors si tu veux écrire des romans historiques, lis des romans historiques. Parfois c’est un auteur du passé qui écrit sur sa propre époque, parfois c’est un auteur contemporain qui écrit sur une époque qu’il n’a pas lui-même vécue. Qu’importe, lis. Car une chose est certaine : tous les lecteurs ne deviennent pas écrivains, par contre tous les écrivains sont d’abord des lecteurs.


Oser !

Tu tiens ou tu as déjà tenu un journal ? Tu écris des posts Facebook de 25 lignes ? Tu envoies des emails longs comme le bras à tes amis ? Hé bien, tu vois : tu sais déjà écrire ! Maintenant, essaye de raconter une histoire.

Oser commencer, c’est parfois le plus difficile. Pourtant, tu n’as rien à craindre, personne n’est pas dessus ton épaule pour voir ce que tu écris. Tu ne feras lire aux autres que ce dont tu as envie, si tu en as envie. Pour l’instant, lance-toi. Tu te préoccuperas plus tard de savoir si ton récit est assez long ou assez intéressant. Tes premiers textes seront sûrement naïfs, maladroits, patauds, et tu voudras tout réécrire. C’est normal. Écris, sois fier de ton travail, puis pose-le dans un coin et relis-le dans quelques jours. Accepte de ne plus être aussi fier, et recommence.


Réécrire, encore et encore

Non, un récit ne sort pas d’un seul coup, dans l’ordre chronologique et avec toutes ses virgules à la bonne place. Écrire, c’est avant tout réécrire. Encore. Et encore. Ça ne signifie pas « jette tout et recommence à zéro », ça signifie « change cette phrase, reformule ça, ajoute un adverbe ici, remplace ce mot qui ne veut rien dire, recommence ce dialogue qui sonne mal… ». Une page de texte se lit et se relit constamment, elle se retravaille jusqu’à ce que tu sois satisfait. Les seuls moments où tu pourrais mettre des pages entières à la poubelle, c’est si tu te rends compte qu’elles sont inutiles pour ton histoire. En dehors de ça, rien n’est jamais à ce point mauvais, alors change seulement ce qui mérite de l’être.

Tu as écris et relu et réécris ? C’est bien. Laisse ton texte reposer quelques jours. Tu le reliras plus tard. Tu verras, tu trouveras encore des choses à réécrire… 😉


Écrire pour soi

« Comment écrire un livre qui va plaire au public ? » C’est une question qui n’a aucun sens. Tu ne sais pas et tu ne peux pas savoir ce qui va plaire au public, car tu ne le connais pas encore, ton public ! Et si tu commences à écrire en fonction de ce que tu penses que les gens aiment, tu fonces droit dans le mur.

Alors écris pour toi. Écris ce que tu aimes, écris ce qui te fais tripper, car c’est en aimant ce que tu fais que tu vas produire de bonnes choses. Il y a d’autres gens dans le monde qui te ressemblent et qui eux aussi vont aimer ce que tu écris, mais ils n’existent pas encore à cette étape. Écris pour toi : tu es ton lecteur le plus important.


Connaître la fin de son histoire

C’est l’écueil principal pour tout jeune auteur : tu dois connaître à l’avance la fin de ton histoire. Le reste peu bouger un peu en cours de route, sois flexible, mais si tu ne connais pas la fin il y a de très fortes chances que tu lâches l’affaire, par découragement, parce que tu ne sauras plus vers où diriger ton histoire ni quand tu arriveras au bout.

La fin de ton histoire est aussi cruciale que le début.


S’organiser

Écrire un roman, c’est écrire sur une certaines période de temps (au moins quelques mois, voire plus). Tu as besoin d’un plan de travail ou d’un document de référence, car si tout est très clair dans ta tête au début, ça ne le sera plus autant dans quelques temps, quand tu auras le nez en plein dedans, que tu auras écrit six chapitres et inventé 42 personnages différents. Prépare ce dont tu as besoin : une liste des personnages, des lieux où se déroule ton histoire, la chronologie, les références historiques… Un bon doc Excel peut faire l’affaire, ou n’importe quel type de document dans lequel tu te sens à l’aise.

Et tiens ton fichier à jour ! Si, pendant que tu écris, tu décides de supprimer un lieu, de modifier l’âge d’un personnage ou l’ordre de certains évènements, assures-toi que ça se reflète dans ton plan de travail. Ne perds pas le fil, sinon tu vas te compliquer la vie et voir apparaître des incohérences dans ton roman.


Faire des recherches

À toi de décider du niveau de véracité historique que tu veux mettre dans ton roman. Si l’aspect historique n’est qu’une toile de fond décorative qui sert à mettre en valeur ton récit, tu n’auras sans doute pas envie de faire autant de recherches et tu préfèreras te concentrer sur le récit lui-même.

En revanche, si tu veux écrire un roman historique documenté, alors le monde de la recherche s’ouvre à toi ! Un bon moteur de recherche dégrossit déjà pas mal le travail (notamment parce que plusieurs livres sont numérisés et accessibles, et qu’un mot-clé bien choisi va t’amener directement à la bonne page), mais tu peux aussi aller faire un tour à la bibliothèque et t’inspirer de tout le reste : documentaires, films historiques, romans écrits par d’autres, essai et ouvrages d’historiens, musées… ou même te rendre en personne sur des sites historiques, si tu les utilises dans ton histoire.

Surtout, compare et croise tes sources ! Tu n’auras pas toujours exactement la même information partout, donc à toi de faire des choix. Et si tu manques de données précises, écris ce qui te semble le plus vraisemblable. Dans un roman, l’idée n’est pas de faire un travail d’historien, mais de planter un décor qui a l’air le plus vrai possible.

Et sache que tes recherches vont certainement apporter de l’eau à ton moulin : des détails auxquels tu n’avais pas pensé, des pistes intéressantes à explorer, des idées de nouveaux personnages… Tout cela va étoffer ton récit et le bonifier, alors fais tes recherches avant, mais aussi pendant l’écriture.


Utiliser les bons outils de travail

… c’est à dire ceux avec lesquels tu es le plus à l’aise. Tu écris sur papier d’abord ? Sur ordinateur ? Tu veux un dictaphone pour « écrire » quand tu es allongé sur ton lit dans le noir, avec des images qui défilent dans ta tête ? Tu veux écrire chez toi au calme, ou dans un lieu public avec un bruit de fond ? Avec de la musique ?

À toi de choisir (je décris mes outils de travail ici, si ça peux te donner des idées). Écris avec ce que tu veux, car l’important est de produire sans te mettre de bâtons dans les roues pour te ralentir. Tu te préoccuperas plus tard de faire de la mise en page bien propre sur ton manuscrit.


Écrire quand on en a envie

L’intérêt d’avoir les bons outils, c’est de pouvoir écrire au moment où l’inspiration vient. Parce que ça ne se maîtrise pas beaucoup, ce truc-là…

Certains te conseilleront d’écrire régulièrement. Pour moi, ça ne fonctionne pas, je préfère te conseiller d’écrire quand tu en ressens l’envie, même si c’est écrire comme un débile pendant 3 jours et ensuite plus du tout pendant 3 semaines. Dans les deux cas, l’idée est d’écrire beaucoup : c’est la pratique qui te rendra plus à l’aise et te permettra de découvrir peu à peu ton style, tes préférences, tes habitudes, de développer une méthode de travail et de l’affiner.

Si tu n’as jamais écrit de ta vie, tu n’écriras pas un roman du premier coup. Mais écris quand même : des histoires, des nouvelles, des fanfictions « one shot » de seulement 5 pages ou d’autres de 45 pages… Fais des essais-erreurs pour voir ce qui fonctionne pour toi. Avec le temps et l’expérience, tu deviendras plus ambitieux et tu te sentiras d’attaque pour écrire des récits de plus en plus longs qui deviendront des romans.

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