Écriture et autoédition

Écrire des séries

J’ai parlé dans mes précédents articles (notamment ici) des centaines d’heures nécessaires pour écrire un seul livre. C’est un gros engagement, et c’est encore pire quand on s’embarque dans la rédaction d’une série car tout cela se multiplie.

Mon premier roman était en deux volumes. Le second était une trilogie. Vraiment, je ne sais pas où j’avais la tête de m’embarquer dans des projets pareils ! Fiou !


L’impatience notoire des consommateurs

Dans un Salon du Livre où je présentais Les filles de joie, j’étais toute contente d’expliquer à une dame que le prochain tome allait sortir dans 6 mois.

Six mois ! Il va falloir attendre six mois ? C’est beaucoup trop long !

Sur le coup, j’en suis restée bouche bée, car de mon point de vue, écrire un bouquin de 120.000 mots en seulement six mois c’est déjà un sacré rythme ! Comment cette dame ne pouvait-elle pas trouver fantastique le fait que le prochain tome serait disponible aussi vite ?

C’est vrai que du point de vue du lecteur l’attente peut être longue. Il y avait au moins un à deux ans à patienter entre chaque nouveau tome d’Harry Potter. Et un an et demi d’ici la prochaine saison de Game of Thrones. Quand on est fan, comment patienter jusque là ? Ça nous paraît une éternité !

Pourtant, nous sommes tous biaisés. Nous vivons à une époque où tout est TRÈS facile à consommer (plus de variété, plus de facilité d’accès, plus de contenu, plus de budget, plus, plus, plus…). On regarde des séries télé en rafale pour s’éviter la frustration de devoir attendre une petite semaine avant l’épisode suivant, et on en oublie que, derrière, il y a des créateurs qui rushent comme des débiles pour réussir à fournir plus et plus vite.

À un moment donné, cette course devra bien ralentir, car le résultat c’est que nous sommes submergés de contenus et que nous ne prenons plus la peine d’apprécier ce que nous avons (société de consommatiOOOooon !… 😉 ). Je suis la première à commencer un tas de séries télé puis à les laisser tomber facilement car je me suis laissée charmer par une autre, ou encore une autre. À vouloir tout tout de suite, on se prive du plaisir de l’attente, de l’anticipation, des multiples questions qui fusent, des analyses fumeuses qui aboutissent à des théories encore plus folles… Va-t-il se passer ça, dans le prochain épisode ? Ou plutôt ça ?


Une trilogie en 1 an et demi

Pour mes premiers romans, j’étais sous contrat avec mon éditeur, je devais donc livrer mes manuscrits à des dates précises. J’ai écris les deux tomes de La cantatrice en deux ans, ce qui était plutôt confortable.

Mais ensuite, je n’ai mis qu’un an et demi pour la trilogie des Filles de joie. Là, ça a été beaucoup de travail, de fatigue et de stress !

Pondre un livre en six mois ne me pose pas de problème, c’est mon rythme, mais répéter ça trois fois de suite sans s’arrêter, c’est pas mal plus dur !

Et puis il faut être disponible ! J’ai écris ces livres à une époque où j’étais travailleuse autonome et que j’avais assez de temps pour ça, mais c’était un pari risqué, car ma situation professionnelle aurait très bien pu changer et chambouler mon rythme d’écriture.

Cela dit, je précise que si j’avais 6 mois pour livrer chaque tome, c’est parce que je l’avais moi-même réclamé. Mon éditeur était prêt à me laisser un an par tome, mais j’ai raccourci les délais car je ne voulais pas embarquer dans trois ans d’écriture (me connaissant, je me serais démotivée en cours de route). C’était un bon raisonnement, par contre mon erreur a été de ne pas penser à me ménager 2 ou 3 mois de pause d’écriture entre chaque tome.


Le contrecoup

La conséquence, après cette trilogie, c’est qu’il n’est plus question pour moi de me relancer dans un roman en plusieurs volume… Quand j’ai commencé La renaissance de Pemberley, il était très clair dans ma tête qu’il ne s’agirait que d’un seul livre (je m’en explique d’ailleurs plus en détails ici). Hors de question de me lancer dans une série, même s’il y aurait de quoi faire avec ce genre d’histoire.

Il n’y aura pas de suite non plus pour Les filles de joie, bien qu’on me pose encore parfois la question. C’est vrai que j’ai écris une fin ouverte qui laisse place à une suite possible, mais mon but a toujours été de n’écrire qu’une trilogie et de laisser l’imaginaire de mes lecteurs faire le reste. Et de toute façon, comme vous le voyez, je suis un peu dégoûtée des séries pour le moment…


En conclusion

Une chose est sûre : si, dans quelques années, j’écris un autre roman susceptible d’être en plusieurs tomes, je réfléchirai à deux fois pour me ménager le temps et le repos nécessaire à la production.

Et tant pis pour les lecteurs impatients ! 😉

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