
L’indispensable test d’impression
Dans les différentes étapes de la production d’un livre, arrive le moment super excitant où on l’imprime pour la première fois. Les pros de l’édition appellent ça la validation d’épreuve, mais pour faire court disons que c’est tout simplement un test d’impression.
Tout comme la révision du texte par un professionnel, le test d’impression est IN-DIS-PEN-SABLE ! Car travailler sa mise en page sur un ordinateur et voir le rendu final, ce n’est pas du tout la même chose ! On va forcément remarquer des petits défauts qu’on pourrait améliorer.
On teste quoi, au juste ?
TOUT !
On regarde la qualité du papier, la texture de la couverture, l’encollage de la reliure.
On s’assure que la couverture est bien centrée, que les couleurs sont bien rendues, que les textes sont alignés là où ils sont supposés l’être.
Ensuite on vérifie l’intérieur, que les pages sont dans le bon ordre, qu’on n’a pas fait d’erreur, que la lecture est confortable (taille des caractères, espacement des lignes…).
On s’assure que tout le texte est là, qu’on n’a pas tronqué un morceau par accident.
Enfin, on vérifie les en-têtes et les pieds de page, surtout s’ils vous ont causé du tracas au moment de la mise en page, comme c’était mon cas ! 😉
L’impression avec Amazon
Comment ça marche ?
Chaque exemplaire est imprimé à l’unité, à chaque fois qu’un acheteur passe commande. Il n’y a pas de quantités à imprimer à l’avance, c’est vraiment au cas par cas.
Pour proposer ce service, Amazon dispose d’énoooormes imprimantes automatisées. Ça signifie forcément qu’il n’y a pas autant de choix que chez un imprimeur de livres habituel : comme ça peut être très long de configurer une imprimante industrielle pour sortir un format de livre précis, vous imaginez bien qu’on ne peut pas faire ça à l’unité. Amazon propose donc un choix réduit de types de papier (blanc ou crème), de finitions de couverture (brillant ou mat, sans choix sur le cartonnage, pas d’embossage ni d’effets spéciaux), et de formats (quoique, là, il y a quand même bien une douzaine de tailles différentes).
Mais même si je ne peux pas demander un effet holographique, un mélange brillant/mat, ou une sur-couverture en papier glacé, je trouve que le choix d’Amazon est tout de même amplement suffisant pour des romans. Par contre, si un jour je veux publier un livre artistique et original, j’irai ailleurs, c’est sûr !
En tant qu’autoéditrice, il ne me reste qu’à envoyer à Amazon un jpeg en haute qualité de ma couverture et un PDF du texte mis en page, puis choisir parmi les différentes options proposées. Et avant de publier, Amazon m’offre la possibilité d’imprimer ce fameux test d’impression. C’est optionnel, mais, comme je le disais plus haut, c’est une étape qu’il ne faut pas sauter.
C’est imprimé où ?
Amazon étant une entreprise internationale, elle a de grands centres d’impression à différents endroits du monde. Il y en a un (plusieurs ?) aux États-Unis et un autre (plusieurs ?) en Europe. C’est évident que si vous êtes en France et que vous commandez mon roman, il ne sera pas imprimé au Kentucky pour ensuite être envoyé à travers l’océan !
Le Kentucky, c’était plutôt mon lot à moi. Il a fallu 1 ou 2 semaines avant que ma commande de test soit prise en compte, puis que le livre soit produit (ce n’était sûrement pas ça le plus long !) et enfin que le colis soit acheminé jusque chez moi. En tout, ça a mis 3 semaines, en pleine période des fêtes. Ah, ces fichus délais… J’y reviendrai dans un autre article 😉
Le test lui-même ne coûte que le prix de l’impression (il n’y a pas de commission d’Amazon puisque ce n’est qu’un test), mais avec des frais de port. J’en ai eu pour 22$CAN (15 euros).
Et alors ? Ça a donné quoi ?
Avant tout, je vous garantis que quel que soit le résultat, c’est toujours super excitant et émouvant de prendre son livre dans ses mains pour la première fois. Le voir sur un ordi, c’est pas pareil que le toucher, le feuilleter, le sentir… Tout notre travail se trouve concrétisé sous la forme d’un objet physique, c’est vraiment un sentiment génial ! Et ça m’a fait le même effet à chacun de mes romans précédents !
Ensuite, passée l’excitation, on inspecte en détails…
Couverture

- Le livre est rayé d’une bande grise, juste pour indiquer que ce n’est pas un exemplaire destiné à la vente.
- Il y a un souci avec le R de Pemberley. Un petit problème graphique que j’avais vu depuis un moment et déjà corrigé.
- Le brillant de la couverture me plaît bien.
- La qualité de la photo est correcte. Ce n’est pas de la très haute définition, mais comme c’est un motif abstrait on n’a pas besoin de distinguer les détails, donc ce n’est pas gênant du tout.
- Côté couleurs, il y aura toujours de légères nuances d’un livre à l’autre (dues au fait que chaque livre sera imprimé séparément, donc pas sur la même imprimante ni avec exactement les mêmes configurations). Ça n’a pas d’importance, puisqu’on n’a pas de raison de vouloir mettre deux exemplaires côte à côte pour les comparer. Dans l’édition régulière aussi, il y a de petites variations de ce genre.
Tranche
- Sur la tranche, la photo de couverture empiète un petit peu. Un truc que je ne pouvais pas prévoir (malgré le gabarit sur la base duquel j’ai travaillé), donc je vais corriger ça avant la mise en vente.

4ème de couverture (dos)

- Le résumé est écrit trop gros et prend trop de place à mon goût. Je ne m’en étais pas rendue compte sur Photoshop, mais là ça me dérange. Je vais réduire un peu la taille de la typo.
- Je vais également aligner un peu mieux le petit bloc de texte tout en bas (prix, ISBN) pour que ce soit plus harmonieux avec le code barre.
À l’intérieur
- Le papier blanc me plaît beaucoup (j’avais longuement hésité entre blanc et crème), ça va parfaitement avec la couverture blanche aussi. La qualité du papier est top, pas trop épaisse, mais pas trop translucide non plus. Vraiment bien !
- La taille du texte me convient aussi très bien. Ce n’est ni trop petit, ni trop gros. J’aime décidément beaucoup la typo que j’ai choisie, et l’impression du texte est de bonne qualité.
- Je suis un peu préoccupée par la densité de mes pages : j’ai écris un roman assez long (147.000 mots) que j’ai essayé de caser dans environ 400 pages, autant vous dire que j’ai dû condenser les choses ! J’ai pas loin de 40 lignes de texte par page (pour comparaison, d’autres austeneries, qui se prétendent de 400 pages elles aussi, n’ont en réalité que 20 lignes par page)(une bonne moyenne étant plutôt autour de 30 ou 32). Mais cette densité n’est pas gênante pour la lecture, c’est juste que ça donne clairement l’impression d’avoir des pages bien fournies.
- Pour alléger un peu ça, je réalise que mes titres de chapitres sont placés trop haut dans la page. Ça ne laisse pas beaucoup de place pour respirer visuellement, donc avant la mise en vente je vais retravailler ma mise en page pour offrir des premières pages de chapitre beaucoup plus aérées.
- J’ai longtemps galéré dans Word avec les en-têtes et les pieds de page, car je tenais absolument à avoir non seulement les numéros de page en bas, mais aussi un rappel du titre du roman et du numéro de chapitre en haut. C’est vraiment agréable de pouvoir feuilleter en se repérant sans problème dans les chapitres. Par chance, je constate que ma mise en page est bonne et que tout est sorti à l’impression sans erreur. Ouf !
- Au tout début du livre, j’ai intégré une citation d’Orgueil et préjugés, et je l’ai mise sur une page à part. Je réalise, une fois le livre dans les mains, que cette citation (pourtant super importante à mes yeux) passe inaperçu. Je vais donc corriger ça et la mettre sur la première page du chapitre 1 pour être certaine de bien l’intégrer à l’histoire.
- Enfin, je vérifie les dernières pages, la table des matières et la bibliographie. Là aussi, quelques ajustements mineurs (des histoires d’alignement, surtout) et ça sera bon.

C’est pas un peu de trop de perfectionnisme, tout ça ?
Bien sûr que si !
Et c’est tant mieux ! Dois-je rappeler que, derrière, il y a des gens qui vont payer un certain prix pour acheter ce produit ? Ils vont nécessairement s’attendre à un bon niveau de qualité et ils auront bien raison !
En édition comme en autoédition, il faut être rigoureux, pointilleux, minutieux, méticuleux, pinailleur, tâtillon, exigeant, consciencieux, bref : perfectionniste. C’est ce qui va faire la différence entre votre produit et celui d’un autre autoéditeur qui n’y mettra pas autant de soin.
Et même…
Dans un monde idéal, la validation d’épreuve aurait été faite par quelqu’un d’autre, quelqu’un qui, si possible, ne connaît rien du projet. On lui met le livre dans les mains, et on lui demande d’analyser tous les détails, mais aussi… de lire le roman au complet.
Ben oui ! Parce qu’une erreur est vite arrivée pendant la mise en page, et que, personnellement, je n’ai pas passé 9 ou 10 heures à relire un livre que je connais déjà par coeur. Si j’avais été moins pressée (j’ai des lectrices qui attendent la publication !), j’aurais sans doute demandé à une amie de lire le roman pour être certaine qu’il n’y a aucune phrase tronquée par erreur. Je ne l’ai pas fait, par contre j’ai vérifié les débuts et les fins de chaque chapitre.
L’avantage de l’autoédition : pouvoir rééditer à volonté
Et c’est un sacré avantage… Car au lieu d’imprimer 5.000 exemplaires d’un livre avec une belle grosse faute ou un paragraphe manquant, je peux rééditer le fichier soumis à Amazon quand je veux. Donc si jamais, pendant les prochains jours, quelqu’un me signale un problème, j’aurai toujours la possibilité de le corriger. C’est pas cool, ça ? 🙂
En conclusion
Être éditeur, c’est un boulot en soi, qui n’a rien à voir avec celui de l’auteur. On a écrit un bon bouquin, soit. On est très fier, soit. Mais si ce bon bouquin est mal présenté, ça va lui porter préjudice : il sera perçu comme amateur par les lecteurs, et ce sera dommage pour le livre autant que pour votre crédibilité à vous comme auteur. Ce n’est pas nécessaire d’avoir étudié en commerce ou en marketing pour comprendre que ceux qui disent « On s’en fout, l’important c’est l’histoire ! » se trompent. Le fond et la forme vont de pair : si l’un est de qualité, l’autre doit l’être aussi.
Devenir autoéditeur signifie prendre les choses au sérieux.
Alors, on n’en fera jamais trop sur les détails.

