
Pemberley, un personnage à part entière
Je ne m’en suis pas rendue compte pendant que j’écrivais, mais à force de me relire et de voir mon travail avec de plus en plus de recul, je réalise que Pemberley a dépassé depuis longtemps le simple rôle de décor.
C’est peut-être un peu pompeux de dire ça, mais, pour moi, cette maison est probablement le personnage le plus important de mon récit.
Le cas de Longbourn dans le film de 2005
Aller au-delà d’un joli décor

En voyant le film de 2005, j’ai eu un coup de coeur immédiat pour Longbourn.
Dans des vidéos sur les coulisses du tournage, j’ai appris que Joe Wright avait fait venir ses actrices à Groombridge Place et les avait fait séjourner là pour qu’elles se familiarisent avec les lieux. Il voulait qu’ensuite, à l’écran, elles aient dans leurs gestes et leurs déplacements une aisance indiquant qu’elles vivaient là depuis toujours.
Il ne montrait pas juste un joli décor d’époque : il montrait un vrai foyer familial.
Le travail des décorateurs
J’ai adoré tout le traitement qui a été réservé à cette maison. Les décorateurs ont fait un travail fantastique pour la rendre crédible, tangible. Ils ont matérialisé la vie quotidienne à travers des détails, comme le fameux cochon couillu qui passe dans l’arrière-cuisine (et qui a choqué tant de fans !), les murs décrépis, la balançoire, les chiens, les poules et les canards qui traînent dans la cour, les vitres un peu sales, le fumier, la paille, le linge mouillé et la boue qui sèche sur les chaussures.
C’est la petite vie ordinaire à la Jane Austen, celle dont je parlais ici.
Un de mes plans favoris de tout le film, c’est l’instant juste avant que Bingley n’arrive à Longbourn pour faire sa demande en mariage à Jane : on voit Mrs. Bennet et ses filles qui relaxent dans le salon de dessin. Pendant à peine quelques secondes, entre une Mrs. Bennet repue qui fredonne, vautrée sur le sofa, les affaires qui traînent et ses filles qui s’occupent gentiment, on sent là une après-midi tout à fait banale et paisible, un vrai moment d’intimité. C’est exactement ça, la vie de famille des Bennet.

Ma Pemberley à moi
J’ai beau visualiser Chatsworth House quand je pense à Pemberley, il n’empêche que n’est pas suffisant : il faut compléter par une bonne part d’imagination. Chastworth ne peut pas être EXACTEMENT Pemberley, car c’est un château bien trop grand, dont l’aspect actuel date d’après les évènement d’Orgueil et préjugés (voir ici).
Mais comme c’est ma base, je l’ai utilisée pour broder autour et, croyez-moi, j’ai beaucoup brodé ! 😀

J’ai passé de looooongs paragraphes à décrire en détails à quoi ressemble Pemberley (maison et domaine). J’ai eu un plaisir fou à imaginer la vallée, la maison vue de l’extérieur, les étages, les pièces de vie, les pièces de réception, les communs où vivent les domestiques…
Ça me sert à bien expliquer le prestige des lieux, et par conséquent celui de la famille Darcy. Savoir que Darcy est riche, c’est une chose, mais comprendre les responsabilités qui sont les siennes et la charge de travail qui va nécessairement incomber à sa femme, c’en est une autre !
MAÎTRE ET MAÎTRESSE : Pour aller plus loin sur ce sujet, voyez ici le train de vie d’un Mr. Darcy, et ici les devoirs d’une maîtresse de maison 🙂
Comme Chatsworth existe pour de vrai, je me suis aidée de plusieurs plans que j’ai trouvés, et de reportages que j’ai pu voir sur cette demeure. Je ne l’ai jamais visitée, mais si un jour j’y vais en touriste je saurai me repérer car j’ai l’impression de la connaître par coeur ! 😉

SUR UNE NOTE PLUS PERSONNELLE : Il faut dire aussi que j’ai étudié en architecture et en décor de théâtre : les lieux ont toujours été quelque chose d’important pour moi.
Ça me parle, ça m’évoque des choses, et chaque fois que je vois un traitement aussi soigné que Longbourn dans un long-métrage, ça me rappelle qu’il fut un temps où je voulais justement devenir décoratrice de films.
En conclusion
C’est ce que j’ai essayé de transmettre dans mon roman : Pemberley, c’est un lieu de vie, un espace qui vous enveloppe, un environnement aux multiples facettes dans lequel les personnages circulent et avec lequel ils interagissent au quotidien. Darcy ne serait pas Darcy s’il n’avait pas vécu dans ces lieux, et Elizabeth ne deviendra pas la légitime maîtresse du domaine tant qu’elle n’en aura pas exploré et éprouvé les moindres recoins…
Il y a des films, comme ça, où le décor prend une place super importante dans l’histoire (je pense à la sublime maison de Crimson Peak, par exemple). Bizarrement, ces films-là me laissent généralement une très forte impression.
Alors j’espère vraiment avoir réussi à reproduire ce genre d’effet avec La renaissance de Pemberley…

