Écriture et autoédition

Le problème des fanfictions

J’ai reçu hier mon manuscrit de La renaissance de Pemberley entièrement corrigé par ma réviseure, et j’ai commencé mon ultime relecture pour approuver les corrections et produire la version finale-coulée-dans-le-béton-déposée-en-copyright.

Dès la deuxième page, où mon histoire fait un clin d’oeil à la fugue de Lydia, je tombe sur ce commentaire :

Le lecteur ne sait pas ce qui s’est passé.

Et là, je réalise que ma réviseure n’a jamais lu Orgueil et préjugés, elle n’a aucune idée des évènements qui s’y sont déroulés. Elle a donc commencé sa révision en partant de zéro, elle découvre les personnages au fur et à mesure, et par conséquent elle bute sur ces détails issus du roman d’origine puisqu’elle ne comprend pas de quoi il est question.

C’est le problème principal des fanfictions : elles ne sont – a priori – accessibles qu’aux lecteurs qui connaissent déjà l’oeuvre de référence, et même qui l’ont relue tout récemment et l’ont fraîchement en mémoire (un peu comme une nouvelle saison d’une série télé qui reprend un an plus tard : si on ne s’est pas remémoré ce qui s’est passé dans les précédents épisodes, on est un peu largué quand l’histoire reprend sur les chapeaux de roues).

C’est une préoccupation que j’ai depuis longtemps – comme la plupart des auteurs de fanfictions, j’imagine :

Notre récit doit-il être exclusif, réservé aux lecteurs avertis, ou au contraire peut-il trouver une façon de vivre par lui-même, d’attirer et de capter de nouveaux lecteurs parmi ceux qui ne connaissent pas l’oeuvre de référence ?

Je me souviens avoir eu cette discussion avec une amie il y a bien longtemps, quand j’étais étudiante et que je pondais des fanfictions à longueur de journée : cette amie avait une vision un peu dédaigneuse des fanfictions, car elle se sentait mise à l’écart, comme ne faisant pas partie du groupe de fans. Elle trouvait ça élitiste et injuste.

Elle n’avait pas tort : à la base, une FF s’adresse à un groupe exclusif.

Pour La renaissance de Pemberley en version fanfiction amateure d’il y a 10 ans, j’avais pris le parti de coller entièrement au film de 2005. Le début de mon histoire était la suite immédiate de la dernière scène du film, où Elizabeth sort du bureau de son père après lui avoir demandé son accord pour son mariage avec Darcy. Les fans du roman de Jane Austen pouvaient bien sûr attraper le train en cours de route, mais c’étaient surtout les gens ayant vu ce film qui pouvaient saisir certaines de mes références. Quant à ceux qui ne connaissaient pas du tout l’histoire… ils ont dû bien vite refermer le tout !

Aujourd’hui, avec La renaissance de Pemberley en version roman, le problème se pose différemment car l’autoédition va me donner une portée bien plus large que la diffusion de mes textes sur fanfiction.net. Il n’y a que mon gentil papa qui attende avec impatience de me lire sans avoir aucune idée de ce que c’est qu’Orgueil et préjugés (et il s’en moque, d’ailleurs, mais disons qu’il est un peu biaisé ! 😉 ). Quant à ma réviseure, elle a très bien suivi le reste de l’histoire et elle a fini par comprendre petit à petit quels évènements s’étaient déroulés au préalable, et si elle n’a pas tout saisi, au moins ça n’a pas gêné sa lecture.

Mais son commentaire me fait prendre conscience qu’en effet, ça vaudrait la peine d’adoucir un peu la prise en main par le lecteur en rappelant gentiment les éléments importants du roman de Jane Austen, quitte à être un peu redondant pour les fans. De cette façon, tout le monde pourrait y trouver son compte. Et mon bouquin pourrait se tenir debout tout seul.

Ça, ça serait la grande classe… 🙂

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