Corset brassière époque Régence
Époque Régence anglaise

Pendant la Régence anglaise, finis, les corsets !

J’aimerais vous parler de certains détails propres à l’époque Régence.

Depuis le début de ce blog, j’explique surtout ce qui se passait à l’époque georgienne, qui n’est pas exactement la même chose que la Régence.

  • L’époque georgienne (de 1714 à 1837) couvre les règnes des rois anglais George I, II, III et IV (comme d’autres, j’y inclus aussi le règne de William IV, juste avant Victoria)
  • La Régence (de 1810 à 1820) est une période très courte, pendant l’époque georgienne, où George IV n’était pas encore roi mais seulement prince régent.

Or, il y a eu des changements importants pendant la Régence qui font qu’elle se distingue nettement du reste de l’époque georgienne.

C’est de ça dont j’aimerais vous parler, avec ce premier exemple : l’abolition du corset ! 😉


On ne porte plus de corsets au temps de Jane Austen

Par corset, je parle bien de ce sous-vêtement de torture, rigidifié par des baleines, serré par des lacets, qui avait pour fonction de maintenir la poitrine, de faire la taille fine, et de forcer les femmes à se tenir droites.

Le corset est apparu en Espagne pendant la Renaissance. Il avait pour objectif de donner aux dames de la noblesse qui le portaient une image de « droiture morale »… (sans déconner !) Je me demande bien qui a trouvé ça si cool, mais toujours est-il que son usage s’est répandu partout en Europe.

Époque georgienne (grosso modo toute le XVIIIème siècle), c’est à dire la génération nos rois Louis 14, 15, et 16.

Au début de l’époque georgienne, on porte donc toujours des corsets. Précisons que ce sont seulement les femmes de la noblesse ou ayant un certain niveau de vie qui sont concernées, car vous vous doutez bien qu’une paysanne n’allait pas nourrir ses poules ou faire les moissons dans les champs avec un corset et une robe à paniers…

Époque Régence (en même temps que notre Napoléon national), avec des robes néoclassiques SANS corsets. Les romans de Jane Austen, c’est ici que ça se passe.

À partir de 1790 et pendant la Régence, la mode évolue vers le style néoclassique, c’est à dire une réinterprétation des canons esthétiques de l’Antiquité. Finis les perruques poudrées, les robes énormes, la surabondance d’accessoires et les tissus aussi précieux que lourds : on revient à une certaine sobriété. Les femmes portent des robes fluides et légères qui évoquent les toges romaines et, désormais, on cintre le corps sous la poitrine : c’est la fameuse taille Empire (j’en parle plus ici). Comme la taille n’est plus marquée, le corset est abandonné.

Un répit qui ne durera qu’une trentaine d’années.

Époque victorienne avec ses robes à crinolines ou ses « tournures ». Plus la taille est fine, mieux c’est !

Dans les années 1820-30, on se dirige vers l’époque victorienne et la mode change encore : on recommence à cintrer le corps à la taille (et non plus sous la poitrine), d’où l’envie de la rendre de nouveau aussi fine que possible. Le corset fait son grand retour et comme, en plus, on utilise désormais des oeillets en métal pour faire passer les lacets, il ne risque plus de se déchirer donc on peut se permettre de le serrer encore plus fort.

Époque edwardienne, vers 1900. On s’est débarrassé des encombrantes crinolines mais on garde le corset ultra serré et on rend le buste un peu tombant pour produire une silhouette en S

Pendant les règnes de Victoria, puis de son fils Edward VII au tournant du XXème siècle, c’est la recherche permanente de la taille de guêpe, obtenue à grands renforts de corsets bien serrés et de faux-cul sous les jupes.

Ce n’est qu’après la Première Guerre Mondiale que le corset enfin abandonné pour de bon. L’émancipation progressive des femmes passe par la libération du corps (suffragettes, style à la garçonne des années 20, Coco Chanel, etc), alors même si les gaines de nos grands-mères prennent le relais un certain temps, elles finissent par disparaître aussi peu à peu.

Enfin, sachez que certains hommes élégants, notamment les dandys (dont je parle ici) ont eux aussi porté des corsets pour se donner l’air plus athlétique et moins bedonnant. Mais ça reste anecdotique, et de toute façon les hommes ne s’en vantaient pas trop… 😉


À la place du corset : une brassière

Brassière courte utilisée à l'époque de la régence pour remplacer les corsets qui avaient temporairement disparu

Ce n’est pas parce qu’on ne porte plus de corsets rigides pendant la Régence, que, pour autant, on laisse les seins se balader !

Les femmes, pour maintenir leur poitrine en place (et la faire pigeonner), portaient une brassière qui n’encerclait que le haut du corps et qui se portait par dessus la chemise de corps. Certaines avaient des lacets, d’autres se nouaient autour du buste plus ou moins étroitement afin d’être confortable.

Je vous laisse sur cette petite démonstration en vidéo… 🙂

https://www.youtube.com/watch?v=eE8OZddK_uk

PRÉCISION : Vous trouverez de nombreuses photos ressemblant à des corsets Régence, de longueurs variables (short ou long stays).

Cela dit, il ne s’agit pas d’un vrai corset, car il n’est pas rigidifié tout autour par des baleines : sa fonction principale est de soutenir la poitrine, pas d’affiner à tout prix la taille. Certains long stays sont équipés d’une petite baguette de bois, au centre sur le devant, qui force celle qui le porte à se tenir un peu droite, mais c’est tout.

Le vrai corset, lui, réapparaîtra à partir de 1820, soit à la fin de la Régence.

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