Écriture et autoédition

Parlons argent (4/4) – Ça coûte des sous, de s’autoéditer ?

Tiens ! Un nouveau mythe à déboulonner ! Ça faisait longtemps… Alors allons-y !

Techniquement, c’est « gratuit » de s’autoéditer. Mais si tu penses pouvoir le faire sans investir le moindre centime, tu te fourres le doigt dans l’oeil !

Je m’explique…


L’autoédition avec Amazon

Amazon propose un double service :

  1. l’impression de livres en format papier
  2. la distribution/vente de livres, qu’ils soient en papier ou en Kindle (pour le format ePub, il faut s’adresser à d’autres plateformes, comme Kobo, Apple Books…)

Pour bénéficier de ce genre de service, il n’y a rien à payer, car ce n’est qu’au moment de la vente qu’Amazon prélève sa commission (ainsi que les frais d’impression, s’il y en a). L’utilisation de l’interface d’autoédition est tout à fait gratuite : tu te crées un compte, tu entres différentes données et déclarations légales, puis tu envoies la couverture et le contenu du livre, tu attends 24 à 72h que ce soit validé, et voilà ! Le livre apparaît dans le catalogue d’Amazon, les ventes peuvent commencer, et tu peux en suivre la progression sur des tableaux statistiques. Tes redevances de droits d’auteur sont ensuite versées sur ton compte bancaire chaque mois.

Jusque là, donc, tout va bien, tu n’as pas déboursé un sou.

Sauf qu’en réalité, ça fait déjà des mois que tu en dépenses, de l’argent…


La production d’un livre n’a rien de gratuit

Lorsqu’un éditeur se charge de publier un livre, il investit. Il prend un risque financier (calculé, bien sûr), car il avance des sommes qu’il espère bien rembourser plus tard grâce aux ventes.

Pour un autoéditeur, c’est pareil. On va supposer qu’il travaille de son salon et sur son ordinateur personnel, ce qui lui évite les frais liés à un environnement de travail professionnel, n’empêche qu’il faut prendre en charge les dépenses suivantes :

Création du livre (papier et ebook)

  • Salaire d’un bêta-lecteur ou d’un éditeur qui va challenger la qualité littéraire du roman
  • Salaire d’un réviseur-correcteur pour corriger le manuscrit
  • Salaire d’un graphiste pour réaliser la mise en page du texte
  • Salaire d’un graphiste pour réaliser la mise en page de l’ebook
  • Salaire d’un graphiste pour réaliser la couverture
  • Achat d’une ou plusieurs typographies pour la couverture et le texte
  • Achat d’une ou plusieurs images pour la couverture
  • Licences des logiciels utilisés (Word, Photoshop, InDesign…)
  • Frais pour la production d’un test d’impression

Aspect légal

  • Protection du manuscrit par copyright
  • Achat de plusieurs exemplaires papier (+ frais de port) pour effectuer le dépôt légal

Promotion

  • Achat d’un nom de domaine et d’un hébergement web
  • Salaire d’un webmaster pour créer un site web
  • Salaire d’un animateur de réseaux sociaux
  • Salaire d’un attaché de presse pour promouvoir le roman
  • Achats de plusieurs exemplaires (+ frais de port) destinés à des personnes-clés disposant d’une communauté de lecteurs et à même de donner de la visibilité au roman

Dans l’édition traditionnelle, l’éditeur doit également avancer l’argent pour payer l’impression d’un certain nombre d’exemplaires (ex: 5000), leur stockage, puis leur transport et distribution dans les librairies. Un autoéditeur s’évite tous ces frais, puisqu’Amazon imprime chaque exemplaire à la demande et ne distribue pas dans les librairies, mais seulement sur son site web.


Investir, en temps ou en argent, mais investir !

Si tu veux sortir un roman qui a de l’allure, c’est vraiment pas le moment de te contenter du strict minimum… Fais les choses bien, sinon ça ne se vendra pas, ou mal, et tu passeras pour un amateur pas assez sérieux (comme une partie des autoéditeurs, d’ailleurs).

Il faut donc investir : d’abord en temps, bien sûr, mais aussi en argent. Car, dans la liste que j’ai citée plus haut, il y a sans doute un certain nombre de choses que tu peux réaliser toi-même (et dans ce cas, tu investis ton temps), mais tu ne pourras pas tout faire.

On trouve malheureusement quantité de blogs, sites, chaînes YouTube, liens en tous genres qui vous promettent que créer et vendre un ebook c’est super facile, ça se fait en 20 minutes et 4 clics, sans rien coûter, et qu’ensuite l’argent des ventes rentre tout seul dans votre porte-monnaie.

Ce sont des conneries.

Si tu décides de ne rien payer du tout et de faire carrément l’impasse sur certaines étapes importantes (comme la révision de texte ou le test d’impression), tu vas rester un amateur qui ne sait pas travailler. Ou pire, un amateur qui ne veut pas faire assez d’effort pour offrir à ses lecteurs un produit de qualité.


Quelques chiffres concrets

Ci-dessous, un exemple de l’investissement (temps ou argent) qui m’a été nécessaire pour publier La renaissance de Pemberley, une fois l’écriture terminée :

  • Bêta-lecture : aucun (ça fait un moment que j’ai acquis assez d’expérience et de confiance en mon écriture pour m’en passer, c’est un choix personnel) (voir ici)
  • Révision-correction du manuscrit : 1.300$ (et encore, ça aurait du être nettement plus cher, ma réviseure m’a fait une sacrée fleur !) (voir ici)
  • Mise en page du texte : temps
  • Mise en page de l’ebook : temps
  • Graphisme de la couverture : temps (voir ici)
  • Typographies : 20$
  • Photo de couverture : 50$ (selon les images, et si je l’avais prise en haute qualité, ça aurait vite pu grimper à 400$!)
  • Licences de logiciels : 0$ (je les possédais déjà) (voir ici)
  • Frais de test d’impression : 25$ (voir ici)
  • Copyright : 200$
  • Exemplaires pour le dépôt légal en France et au Canada : 100$
  • Nom de domaine, hébergement web, certificat https : 300$
  • Création du site web : temps
  • Animation des réseaux sociaux : temps
  • Attaché de presse : aucun
  • Exemplaires destinés à des blogs sur Jane Austen ou des blogs de lecture : 350$

TOTAL : environ 2.300$ (soit 1.500 euros)

Ça peut paraître beaucoup quand vient le temps de sortir cet argent de sa poche (sans savoir si on n’est pas en train de le jeter par les fenêtres), mais en réalité ce n’est vraiment pas grand chose ! J’ai la grande chance d’être à l’aise avec un ordinateur, d’avoir de bonne notions en graphisme et encore plus en web (c’est mon métier dans la vie), donc j’ai énoooormément économisé en faisant beaucoup de choses moi-même.

Par contre, je peux vous garantir que je n’ai pas été avare de mon temps ! On parle d’une centaine d’heures de travail, réparties sur 2 ou 3 mois.


Les dépenses les plus cruciales ?

  • La révision, bien évidemment, qui est de loin la plus grosse dépense, et qui est absolument incontournable (j’en parle ici)
  • Le test d’impression, tout aussi indispensable (voir ici)
  • Les typos et photos, car on n’a tout simplement par le droit d’utiliser n’importe quoi, n’importe comment
  • Le copyright, pour dormir tranquille en sachant que mon manuscrit a été acté par un notaire et que je dispose d’une aide juridique si jamais, un jour, j’ai besoin de faire valoir mes droits
  • Le blog, qui est ma fenêtre de communication principale et de loin mon meilleur outil de promotion

En conclusion

Pour s’autoéditer, il faut être prêt à investir un minimum d’argent et un maximum de temps. C’est la qualité du produit final qui en dépend, et, par conséquent, les ventes que nous allons réaliser par la suite. C’est aussi le respect minimum que l’on doit à ses lecteurs.

C’est bien naturel d’essayer d’économiser le plus possible, afin de maximiser son retour sur investissement, mais il est illusoire de penser qu’on peut tout bricoler soi-même et obtenir à la fin un succès commercial. L’autoédition a trop souvent un air d’amateurisme, car beaucoup de gens pensent – à tort ! – que ce n’est pas difficile de créer un livre et de le mettre en vente.

La réalité, c’est que c’est pas si simple de s’autopublier. Ça demande beaucoup de travail et d’efforts, incluant un effort financier. Alors si on n’est pas prêt à ça, mieux vaut changer de projet.

POUR ALLER PLUS LOIN : 6 mois après la mise en vente de mon roman, j’ai fait un bilan détaillé de mon expérience, en décrivant avec précision quelles ont été mes démarches de promotion, la réception par les lecteurs et le nombre de ventes qui en a résulté.

Vous trouverez tout ça ici ! 🙂

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